Le blog de de la rencontre candauliste

Elle avait la mine radieuse mais j'avais l'impression de déceler une pointe de confusion dans son sourire. Je me posai en boucle des questions sur le sujet de leur dernier échange. J'aurais souhaité pouvoir écouter chaque mot. Qu'est-ce qu'il lui avait demandé ? À quoi avait-elle répondu « non »? Étrangement, j'étais pris par des émotions mitigées, la situation me fascinait autant qu'elle m'énervait. Je fus légèrement rassuré quand Laura m'a lancé de la main un baiser du bout de la table.

Je me suis tourné vers Gabrielle

« Ça ne te fait rien qu'il flirte avec d'autres femmes ? »

« Je ne suis pas stupide, je le savais lorsque je l'ai rencontré. Honnêtement, je suis excitée par les mêmes choses que ta femme. Il est charmant et sexy. Lorsque vous êtes avec lui, vous avez l'impression d'être la seule personne dans son monde. C'est aphrodisiaque, très puissant. »

« Tu es d'accord qu'il ait d'autres femmes ? » Ai-je demandé incrédule.

« Disons cela comme ça. »

C'était un tout nouveau monde pour moi. Gabrielle semblait discerner ma confusion.

Sentiments candaulistes : « Tu la retrouveras plus amoureuse encore »

« Regarde-la », dit Gabrielle, « à quel point elle est vivante et excitée. C'est l'attitude d'une femme pleine de désir. Elle peut sentir sa puissance et sa domination. Elle veut se soumettre. Je sais ce que ça fait - c'est aussi ce que cela me procure. Laisse-la s'amuser et amuse-toi de ton côté. A la fin, tu la retrouveras plus amoureuse encore. »

Etait-ce de la candeur dont Gabrielle faisait preuve ? Malgré la jalousie qui me tenaillait, l'excitation devenait vertigineuse.

« As-tu aussi des aventures de ton côté ? »

Gabrielle rit et me serra de nouveau la main.

« Bien sûr que non ! » Son rire nerveux acheva de me convaincre qu'elle était naïve. « Il ne me laisserait jamais faire ça. Par contre, il y a eu quelques soirées sauvages dans notre ranch. Quand il est là, ça change tout. Je ne vais pas voir ailleurs sans lui. »

J'étais perplexe, alors je lui ai demandé ce qu'elle voulait dire par là.

« Je couche avec ses amis et associés quand il le veut. Il aime regarder. »

Sur ce j'ai jeté un regard inquiet en direction de Laura. Qu'ils fussent vraiment là ou pas, je percevais maintenant des signes de son excitation. J'étais encore plus surpris par moi-même : j'avais décidé de ne pas intervenir comme si je voulais voir s'il réussirait.

« Ce sera probablement un moment de sexe inoubliable pour elle. » A quoi jouait Gabrielle ? Me préparait-elle au pire ? Me faisait-elle des avances ? Mon esprit se remplissait d'images érotiques lorsque ce tableau vivant fut interrompu par le maître de cérémonie appelant à la première vente aux enchères de la soirée.

« Reste attentif » chuchota Gabrielle. « Ce sera son premier grand coup de la soirée ».

« Comment ? »

« Regarde juste. Dans pas longtemps nous saurons s'il peut la conquérir. »

Flirt, domination et candaulisme : « Il m'humiliait en public »

Le commissaire-priseur annonça un beau collier Dior, d'une valeur de plus de 60 000 Euro et dont l'image passait à l'écran. D'une seule voix, toutes les femmes à la table ont dit à quel point c'était beau. Laura le montra du doigt et m'appela pour que je fasse une offre pour elle. Elle se moquait de moi. Elle savait que c'était hors de portée pour moi !

« Si vous êtes intéressé, je resterai en dehors des enchères ? » Quel enfoiré, ai-je pensé. Il m'humiliait en public, pire encore devant ma femme.

Je tentai de rester digne mais au fond de moi je me sentais insignifiant. « Allez-y, faites une offre. » En lui disant cela je ne pouvais pas imaginer un seul instant qu'il allait pour de vrai acheter le collier à Laura. Impossible. Il ne la connaissait pas. Il était venu au bras de Gabrielle, tout le monde l'avait vu.

Il lança un regard entendu à Gabrielle.

L'enchère était frénétique. Il a rivalisé furieusement avec les autres invités jusqu'à ce qu'il l'emporte finalement pour 92 000 Euro. Il y a eu beaucoup d'applaudissements et d'acclamations à notre table, mais d'entre toutes, Laura était la plus enthousiaste. L'homme d'affaire griffonna le chèque sorti de son costard dans un style théâtral pathétique. Puis il est monté sur le podium, tout aussi théâtralement, pour récupérer son prix. Avec arrogance il annonça avoir décidé de payer 100 000 Euro. Il est revenu triomphant à notre table et a fait passer le collier à la vue de tous.

Quand le collier est parvenu à moi, Gabrielle s'est pressée contre mon épaule.

« Il va proposer à ta femme de le porter ce soir. » Comment pouvait-elle être aussi détachée de la situation ? Comment ne pouvait-elle pas ressentir de honte face à cet homme qui la dénigrait en public ? Sur le moment je n'ai pas cherché à comprendre, il y avait d'autres priorités.

Candaulisme : « Témoin de ma jeune femme séduite par un homme puissant »

Quand le collier est arrivé à Laura, l'homme d'affaires se pencha à l'oreille. Sa surprise me dit qu'il lui avait posé sa question. J'ai réalisé que Gabrielle avait raison : j'étais témoin de ma jeune femme séduite par un homme puissant qui visiblement ne la laissait pas insensible. Il passa derrière elle qui relevait ses cheveux pour délivrer son mince cou. Ma femme portait son trophée. Je savais maintenant ce que cela signifiait et je m'efforçais de cacher mes émotions.

Du regard Laura me communiqua intensément cette question qui émergeait des profondeurs du désir. Encore aujourd'hui je suis sûr qu'elle ne savait pas que Gabrielle avait prédit ce scénario. Sur le coup je ne lui ai donné aucune indication sur ma compréhension de la situation. Je l'ai abandonnée à l'homme d'affaires. Je décidai de devenir complice de ce jeu de séduction. La décision d'y succomber lui incombait désormais. Bien que j'avais aucune idée de ce qui pouvait se passer, j'espérais à présent que Laura irait jusqu'au bout.

Gabrielle se pencha vers moi.

« Ne t'inquiète pas, il n'en demande jamais trop au début, peut-être sa culotte ou qu'elle passe sa main sous la table discrètement. Il use de telles méthodes pour briser la résistance. À partir de là, ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne pose la grande question. »

La suite la semaine prochaine?